jeudi 17 février 2022

9. / DUKE ELLINGTON - "Black, Brown & Beige" pour lire Narjisse Tdk Moumma et découvir une peinture de Jacques Cauda, puis des collages de S.O.D.A. 2020. Première diffusion 07.08.2021.

Tableau: Duke Ellington, dit Pops, by Jacques Cauda.
& All that Jaaaaaaazzz 
 
Avertissement aux lecteurs : "Toute ressemblance avec des faits et des personnages actuels ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coincidence ou d'un trop d'imagination..."
"L’Amour? …
Le moment où la musique te cueille, sans grier gare?
J’ai toujours juré que je n’aimerais que la Musique. Et un jour c’est un homme qui m’a cueillie; il est la Musique, cela va de soi.
On s’est cueillis un peu comme Richard III et Lady Ann. Et depuis on se voyage comme Lester Young et Billie H.
Un sax ailé et une voix des enfers.
“Je connais déjà l’enfer, Richard III dit-il à Lady Ann, donne-moi le paradis !”. Et elle, intelligente, répond que “Oui”.
Quelque chose d’obscène.
Mon plus beau souvenir : une marche le long d’une rue, de nuit, souffles bras-dessus bras-dessous. Il me parlait d’une ânerie ce soir-là - que j’écoutais à moitié, disons d’enveloppe - pour me donner un peu de sa voix dans un écrin d’échos. J’observais le silence arachnéen ponctué d’arbres. On avançait, or on aurait dit qu’on reculait, au contraire. Orphée a une voix, dit-on, qui, térébrante, perce les matières. Mon amant a la voix truffée de fautes d’orthographe de celui qui entend tout d’oreille. Les rimes chantent. Les arbres jouent à trique-traque. On passe notre temps à pâte-à-modeler le temps. C’est-à-dire: Musique. Oui, à n’en plus finir; les oiseaux ne s'envolent pas ni ne s'arrêtent de chanter quand on tourne le visage vers leur chant aveugle de lumière.
Les oiseaux ne sont pas lâches en Amour, eux.
Deux choses au monde incarnent sa présence en son absence: ma Forêt, et la Musique.
Ma forêt et ses mille délices renouvelés. Ma forêt que je sillonne et qui même quand je n’y suis plus, me lit comme à livre ouvert. Ma forêt, hymne à répétition, animal gage de profondeur. Ma forêt et ses wazeaux-anges. Eclaircies. Ma forêt et les arbres qui boivent le noir dès le bémol de lumière, tout comme ma noirceur à fleur de rots. Ma pensée qui se laisse caresser par les ventres des canards à fleur de reflets de mercure. Ma forêt et mon désir quand je chute de tout mon long dans un lit d’orties. (Un jour, il me jouera un air à la trompette et il s’appellera “Lusty Nettles”, “Ants in my Pants”, “Ballad O’ Bobby Bumblebeat”, “From Ether unto the Gutter”, “Gnawin’ on a Single Bone”, “Hugs for thugs”, ou “Sweet Suite”)
Un Sello de Sangre
Fui al bosque para escribirte un poema. ¿Qué es un poema? Tiempo para mí y Tiempo para ti. Un Corazón donde el Mundo bailaría de un Nada a un otra Nada. O de un Todo a otro Todo. Ruedo en la oscuridad. En el medio, el lago, isla de Mercurio, Mar de Teatro. Venecia está aquí. Tinta también. Alrededor, los árboles beben como una particion musical la oscuridad del cielo que se apaga . El verde es el primero en volverse negro, y quiero que te emborraches en mi negrura. Como esta hoja que une nuestras caras en un casto coito, como dos niños escondidos cada uno a un lado de un árbol. El Agua de Mercurio lame los barcos dormidos. Se llaman Drácula, Tintín, etc. La lista de nombres es en su misma un Poema. Al salir vi el lago desde la orilla opuesta. Pegué un pétalo de rosa arqueado contra el cielo. Y ahora con esto sello de sangre te llega mi tarjeta postal.
Mon âme quand, le coeur bien fluide, les roues crottées de boue, tout se dissout dans le paysage à ciel ouvert et que j’accède enfin au vide. Et la Musique? celle qu’on vient d’entendre..
Pour nous, faire l'amour est comme l'instrument pour le compositeur.. ne s’en passe-t-il pas royalement pour entendre sa Musique?!
Mais alors quand il en joue..
Timbre Sang
Je suis allée dans la forêt t'écrire un poème. Qu'est ce qu'un poème? du temps pour moi, et du temps pour toi. Un coeur où le monde danserait d'un rien vers un autre rien. Ou d'un tout vers un autre tout. Je roule dans le noir sur la ceinture de forêt. Au milieu, le lac, île de mercure, mer de théâtre. Venise est là. De l'encre aussi. Autour, les arbres boivent la ténèbre du ciel qui s'éteint. Le vert est le premier à devenir noir, et ainsi voudrais-je que tu t'enivres de ma noirceur. Comme cette feuille qui accouple nos deux visages dans un coït chaste, comme deux enfants cachés chacun d'un côté de l’arbre. L'eau de mercure lèche les barques endormies. Elles s'appellent Dracula, Tintin, la liste des noms est à elle seule un poème. En sortant j'ai revu le lac de la rive d’en face. J'ai collé un pétale de rose en forme d'arc tout contre le ciel. Et voilà qu'avec son timbre de sang ma carte postale arrive jusqu'à toi.
Histoire de langues.
La musique surgit-elle? on la laisse filer
Une plage vierge de départs fixes
Son odeur est cet oiseau haut-perché qui chante à clef de voûte de mes sens.
Le langage projette hors de rien du tout :
1° quand on est le masque de soi-même, langue qui se mord la queue
2° qu’on use de mots comme de notes
3° lâche ta note, pense escalier. Marche!
Ou crève. Incarnés de l’autre côté, aussi - c’est ça, la littératuuuuure.. ?? -. C’est les vaches de Van Gogh qui me l’ont dit. Le jour où j’ai rêvé d’elles qui paissaient dans mon jardin. Une première m’a dévisagée - là, je sus qu’elle s’appelait Marguerite -, et les autres l’ont suivie, pis nous sommes montées chez moi. Le tableau qui muselait un mur manquait. Les salopes!
Quelqu’un rêve, voit, peint, quelqu’un d’autre regarde, rêve, et puis voit.
Ainsi la voix.
Assez troussée pour se donner à entendre comme
tienne.
Que mon pied dessine déjà la toute prochaine danse!"
 
Narjisse Tdk Moumma
 
Collage de S.O.D.A 2020 (Christian-Edziré Déquesnes)